Chronique Amazonienne 2
Pachacamac est le site archéologique le plus étendu du Pérou. Il s'étale sur plusieurs dizaines d'hectares et compte des centaines de temples de différentes époques. Les pré-Incas puis les incas respectaient les anciens lieux cérémoniels, aussi, ils ont bâti tout au long de leur histoire qui s'étale sur plusieurs millénaires de nouveaux temples à coté des anciens. Le site de Pachacamac (déesse-mère) est plus important que le Machu Picchu bien que moins spectaculaire. Il a vu défiler les civilisations qui se sont succédées : les cultures Chavin, Lima, Mochicas, huari, jusqu'aux Incas qui se sont nourris de toutes leurs techniques, de leurs richesses pour créer une des plus importantes civilisations au monde.
Ils ont notamment complété le réseau routier qui est devenu très important. La légende dit que l'Inca établi à Cuzco pouvait manger du poisson frais grâce aux relais de coureurs à pied.
Installé au bord du Pacifique, l'immense site est composé d'adobes peintes en rouge, mais aussi de sous-bassements en pierres taillées. S'y déroulaient les cérémonies religieuses et des sacrifices regroupant des milliers de personnes.
Le site abrite des milliers de sépultures (80 000), chacune comportant plusieurs corps en position fœtale et recouverts de tissus fins et de couvertures, attendant leur prochaine résurrection. La vie pour les andins se prolongeait bien au delà de l'existence terrestre et pour accompagner le voyage, les sépultures contenaient toutes sortes de vêtements, d'objets ou de bijoux, voire de nourritures.
Un très moderne musée de site présente nombre de céramiques, de bijoux en métaux précieux. Pendant des siècles, les pilleurs de tombes ont sévi, mais aujourd'hui il existe une législation stricte pour protéger le trésor national accumulé pendant des siècles.
Notre guide d'origine Inca, Jordan, un étudiant parlant bien le français, nous a permis de bien comprendre l'architecture des lieux. Il nous a appris à dire merci en quecha : Jusparazunky.
La grande maison des femmes choisies regroupait des centaines de jeunes filles qui étaient éduquées pour devenir prêtresses ou femmes de notables. Chaque roi avait plusieurs centaines de femmes, mais c'est l'épouse principale qui dirigeait le harem.
La plus belle partie du site surplombe la mer d'où deux grands rochers sacrés émergent, considérés comme les matérialisations de dieux.
Retour ensuite à Lima où nous avons rendez-vous avec une autre branche de la famille Amiel, née aussi du grand-père Ruben. Edison est le fils de Moises, frère de Ruben. Eux aussi considèrent que nous sommes issus du même grand-père. Ils tentent de balayer mes doutes avec des arguments subjectifs (les mêmes yeux et sourcils sur les deux photos).
Je leur explique que j'adorerais en être sûr, que notre histoire est incroyable, mais que j'ai besoin de mener ma propre enquête sur le passé de mon grand-père. De toutes manières, portant le même nom, nous sommes de la même famille. Je dois partir pour Iquitos pour tenter de trouver des traces probantes. C'est vraiment dommage qu'ils n'aient aucun document attestant la date de naissance de leurs ascendants. Avec juste une photo et une pièce d'identité, je ne suis pas beaucoup mieux loti. J'aurais adoré avoir comme la famille Pinto un récit des aventures de mon grand-père. Si ça vous intéresse, vous pouvez lire sur : http://www.juifs-marocains-en-amazonie.com le seul récit de marocain parti chercher fortune au Brésil pendant la période du boom du caoutchouc, un nouvel eldorado qui a attiré des milliers de personnes. Iquitos, au cœur de l'Amazonie, ville champignon enrichie par le commerce du caoutchouc issu des hévéas de la forêt vierge, s'est développée à toute allure, se dotant d'un tramway électrique, de théâtres, de cinémas, etc.. On y importait des vins fins, des tissus et même une maison Eiffel amenée en pièces détachées sur les nombreux bateaux qui sillonnaient le fleuve Amazone. Des "casas de commerce" superbes, des maisons luxueuses ont été construites. J'y reviendrai plus tard.
Le soir, nous sommes allés visiter la Plaza Mayor, la plus belles place de la ville, classée monument historique. Elle est entourée d'une somptueuse église et de beaux bâtiments dont l"un est une immense librairie publique, la plus belle que je connaisse. Par ma famille de libraires : mon regretté frère aîné qui dirigeait Les Belles Images, la grande librairie de Rabat et mes parents, j'ai été depuis ma naissance environné de livres et chéri les librairies. Aussi je ne manque aucune visite de belles bibliothèques ou librairies qui existent encore. Ce sont en général de très luxueuses architectures hautes de plafond, les étagères en bois avec de belles tables et fréquentées par des gens passionnants. Le papier est d'ailleurs issu du bois.
Nous ne le savions pas, mais arrivés sur la Place, nous avons assisté à une très belle procession, celle de Santa Rosa de Lima, la sainte la plus vénérée d'Amérique du Sud, avec chœur de femmes, musique et vêtements de cérémonie. La procession avançait sur des parterres de pétales de fleurs ou de sables de couleurs représentant la sainte ou des symboles qui lui sont liés, chaque paroisse finissant son ouvrage avant l'arrivée imminente de la procession. Impressionnant et émouvant.
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Lima est une ville énorme, tentaculaire, elle se déploie sur des dizaines de kilomètres dans tous les sens. En fait, les quatorze districts qui la composent sont autant de villes posées l'une à côté de l'autre. Notre guide Jordan nous avait signalé que ces soixante-six dernières années la ville était passée de un million à plus de neuf aujourd'hui. De notre hôtel au centre ville, il y a près de trois quart d'heure de voiture dans un embouteillage permanent.
Le lendemain, avant notre départ pour Iquitos, cette ville mythique et isolée du monde (aucune route n'y mène, on y accède par bateau ou avion), nous avons visité Barranco, le quartier très sympa, où vivent pêcheurs, artistes, bobos, et toute une faune de personnes sympathiques. Une belle promenade mène à la mer (voulant plonger mes mains dans l'Océan, je me suis pris une vague qui m'a bien mouillé - j'ai sans le vouloir pris le bain dans l'Ocean Pacifique dont je rêvais).
Nous avons mangé des beignets et pris un pisco sour dans une sorte d'immense bar restaurant délirant (le Rustica) où on se croirait à Cuba.
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Au centre de Barranco, il y a aussi le pont de leur Romeo et Juliette locale (ils se seraient rencontrés au milieu). Il faut le traverser sans respirer pour que l'amour dure...
Avant de quitter ce village, on a mangé des genres de galettes au fromage passés au four dans le wagon d'un tramway du début du siècle dernier. Ambiance singulière avec une vieille péruvienne qui s'est mise à jouer au piano.
Demain Iquitos...
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