VINCENT VAN GOGH

LE JOURNAL DE LA MAISON JAUNE

site : vangoghaventure.com

 

Vingt-huitième semaine

Portraits de toute une famille l homme, la femme, le bébé, le jeune garçon et le fils de seize ans. 560

 

Lundi 5 novembre
Hier soir, premier dîner à la maison. Gauguin fait bien à manger, c était simple et bon. Ce sera meilleur pour mon estomac et aussi pour nos finances.
Gauguin travaille lentement son café en aplats de couleurs comme moi. Il a repris le même rouge des murs et le vert du billard.
On a vu hier après-midi une vigne toute rouge, comme du vin. Je crois qu on va aller y travailler.


Mardi 6 novembre
J ai beaucoup aimé les dessins de De Haan. Il se débrouille bien avec les couleurs claires. Sans la ressource du clair-obscur, il arrive à une expression forte avec juste des couleurs vives. Je suis mille fois d accord avec quand il dit qu il faut traverser l Impressionnisme comme on a traversé les autres écoles.
Avec la lumière forte d ici, les ombres ne sont pas noires, elles sont si colorées qu on est tenté de les supprimer comme le fait Gauguin.
Ce que l on fait doit donner sur l infini. Si c est le cas, on voit que son travail a sa raison d être et peut aller plus loin, alors on travaille plus sereinement.

Mercredi 7 novembre
Le café que Gauguin est en train de finir ne lui convient pas. Il le trouve trop sage. Il m a bien montré comment il montait les couleurs à partir de la couleur bleue foncée du fond. Il se moque de la couleur locale et en général de l exactitude de ce qu il reproduit.
J ai travaillé de tête à la vigne qu on a vu. J ai essayé de la travailler de tête. J ai fait d abord un fond coloré avant de rajouter beaucoup de figures, une charrette, etc. J y ai mis tous les dessins que j avais en tête, notamment des figures penchées hollandaises.


Jeudi 8 novembre
Gauguin a attaqué une peinture de la vigne. Il mélange les femmes bretonnes aux gens d ici. La femme au premier plan provient d un dessin ramené de Bretagne. On voit qu elle est fatiguée et pas contente. Il a simplifié la vigne carrément.
Ce tableau est aussi influencé par moi. J  ai l impression qu il y vient, au réalisme symbolique que je défends.
Je veux comme Millet et Corot arriver à communiquer de la transcendance par mes tableaux. Je veux montrer comment la nature console.
Pour moi, un tableau doit suggérer, faire des paraboles plutôt que raconter quelque chose comme un roman.


Vendredi 9 novembre
Gauguin pour cette toile a travaillé la matière comme moi
Il considère que est sa plus belle peinture & aussi beau que ses négresses.
Il a laissé tomber ses grands a-plats et semble prendre plaisir, quoiqu il en dise, à travailler dans la matière. Il n avait jamais fait de toiles pareilles.


Samedi 10 novembre
Gauguin a appelé son tableau « Misères humaines ». La pauvresse du premier plan, qui, selon lui, pense à peu de choses mais ressent la consolation sur cette terre inondée de soleil. Il a tendance à trouver les gens débiles ou incultes. Il se sent toujours supérieur.


Dimanche 11 novembre
Gauguin vient de démarrer une nouvelle toile assez bizarre d après un dessin ramené de Pont Aven. La femme est cette fois de dos, à moitié nue, on dirait qu elle va se faire fouetter là, au milieu des cochons dans une grange.
L art est une abstraction ; tirez-là de la nature en rêvant devant et pe,sez plus à la création qu au résultat ; c est le seul moyen de monter vers Dieu en faisant comme notre divin Maîtres, créer.

 

 

 

Travail en cours