LESBOS

Lesbos viendrait de Lesbus, petit-fils d'Eole, dieu du vent
Belle et grande île, la troisième après la Crète et Eubée, elle est couverte d’oliviers (une des plus grandes concentrations au monde (240 par habitant).
C’est depuis l’Antiquité la ressource principale de l’île et ça l’est toujours.
On parcourt dans tous les sens ses petites routes bordées d’oliviers centenaires.
Le chatoiement des feuilles, l’argent qui brille là où le soleil tape et leurs troncs tortueux comme des danseuses de Shiva sont un ravissement pour les yeux.

Petites routes en lacets débouchant sur des panoramas époustouflants, petits ports, villages de pêcheurs tout à fait semblables sur la mer et sur les golfes C'est une île peu touristique belle et sereine,
Poésie et simplicité, caractère direct, franc de cette île qui ne tient pas à ce qu’on la connaisse trop.

A l’âpreté des côtes ciselés répond la douceur de vivre dans les deux grands golfes d’un bleu légèrement différent de la mer Egée.

Nombreuses tavernes à l’air libre aux nappes en papier aux dispositifs d’attachages divers : pinces en fer, en plastique, élastiques, mais rien de mieux que les assiettes, les cendriers pour tenir au vent toujours soufflant, pas un vent violent, mais une brise légèrement rafraîchissante qui rend ces îles paradisiaques. Elle seraient infernales de chaleur sans le metelmi qui vient du large comme pour nous détendre.
Menus toujours semblables : greek salad, melanzana salata, viandes en sauce, toutes sortes de beignets au fromage, et bien sûr, poissons à gogo. Nourriture saine, non acide, juste un peu grasse pour le transit.
Les beach tavernes, un paradis pour ceux qui aiment manger après le bain, le dos encore un peu mouillé caressé par la brise.
On y est attablés comme dans la cuisine de maman, celle là même où on a connu mes premiers émois gustatifs où notre gourmandise s'inventait.
Tout de suite, l’eau, l’ouzo ou le retsina et des petites assiettes bien remplies sur la table. Le pain blanc avec toujours quelques graines de sésame pour saucer le tarama ou la cheese salad.

Une assiette d’anchois frits, une de poulpes grillés. Un repas de rêve, simple, évident face à la mer face à ce bleu indéfinissable qui est celui de la mer Egée toujours agitée.

Sappho

Eressos, patrie de Sappho, la grande poétesse, née ici, d’où le nom générique « lesbienne » s’est constitué à partir du nom de l’île, en raison des déclarations enflammées de Sappho pour des femmes.
Ce n’est que récemment que le terme de lesbienne s’est imposé. Tant mieux pour le renom de cette île qui tous les ans en septembre reçoit des poétesses du monde entier.
Le terme d’homosexuelle n’ayant aucun sens à l’époque où il était aussi naturel à l’homme d’avoir des girons, des érastes qu’à la femme d’entretenir des rapports avec ses semblables à l’intérieur des gynécées (Sappho était marié et avait une fille qu’elle chérissait).
Mais Sappho n’était pas que cela, elle s’est opposé avec sa famille au tyran qui régnait, a été exilée quelques années avec Alcée, son éternel amoureux, avant de retourner sur son île et créer son école.
Ce qui ne l’a pas empêché d’écrire des vers enflammés pour ses amoureuses.
Cette première poétesse, la dixième muse, comme la nommait Platon a probablement été la première dans le monde à chanter les souffrances de l’amour non partagé. A l’époque, la poésie épique, celle d’Homère par exemple, célébrait les faits d’armes, les aventures des dieux et des hommes. De fait, Sappho s’éloignait radicalement des religions en cours, mettant l’homme ou la femme au cœur de la poésie. Une poésie vivante qui montre que les métaphores de l’amour ont peu variées depuis 3000 ans.
Ses poèmes étaient connues dans toute la Méditerranée et ont sûrement contribué au goût des femmes pour les arts, pour le savoir en général.

A l’aimée

Heureux! qui près de toi, pour toi seule soupire,
Qui jouit du plaisir de t'entendre parler,
Qui te voit quelquefois doucement lui sourire.
Les Dieux dans son bonheur peuvent-ils l'égaler ?

Je sens de veine en veine une subtile flamme
Courir par tout mon corps, sitôt que je te vois :
Et dans les doux transports où s'égare mon âme.
Je ne saurais trouver de langue ni de voix.

Un nuage confus se répand sur ma vue.
Je n'entends plus: je tombe en de douces langueurs;
Et pâle, sans haleine, interdite, éperdue,
Un frisson me saisit, je tremble, je me meurs

La poésie se disait ou se chantait toujours accompagnée
à la lyre, ou à d’autres instruments à cordes.

Gera, le golfe serein où nous logeons.

Agiassos, paradis des artisans du bois et de la céramique, rues couvertes de branchages.

Molyvos, joli village escarpé.

Eftalou et ses sources chaudes, bains dans des sources chaudes utilisées depuis les romains.

Thermi, pour ses sources et son bâtiment de la belle époque abandonné.

Mytylène, aux jolis maisons, aux fenêtres encadrés
de blanc.

Sigri, dans la partie ouest de l'île se trouve la deuxième plus grande forêt pétrifiée de séquoia d’il y a 20 millions d’années.