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Braque au Grand Palais


"On ne tutoie pas M. Braque"

Autant Picasso était solaire et sociable, autant Braque était discret, réservé. Ancien boxeur, musicien, il est peu loquace, se liant très peu.  À eux deux, "en cordée", dixit Pablo, ils ont révolutionné l'art. Le sujet du peintre n'allait plus la réalité, même sous ses représentations excessives (Van Gogh) ou évanescentes (Monet), mais la forme elle-même et le jeu des lumières.

L'exposition au Grand Palais rend un hommage attendu à Braque, discret aussi dans sa célébrité (relativement peu d'événements lui ont été consacrées). On voit comment le peintre a traversé la figuration et la couleur, les a dépassées pour y revenir quarante ans plus tard, considérablement enrichi.
Dans ses œuvres de jeunesse, on distingue parfaitement l'influence considérable qu'a exercé Cézanne. Ses premières toiles sont très proches, tant par le type de sujet (les carrières de Bibémus, près d'Aix), que par le traitement.
Progressivement le Cubisme (le nom provient de Matisse qui y voyait des "petits cubes") s'affirme en plusieurs étapes, dont la première doit tout au Maître du Midi, (on l'appelle d'ailleurs Cubisme cézannien).
"Traiter la nature par le cylindre, la sphère, le cône, montrer différentes facettes du même sujet"... Par ces mots, Cézanne a bouleversé toutes les notions de représentation. Cette géométrisation de la nature crée un nouvel espace pictural très éloigne du réel - il reste néanmoins quelques éléments, très peu, pour accrocher l'œil à une forme reconnaissable. Cette nouvelle manière d’aborder le monde aboutit à une conceptualisation complètement nouvelle de la peinture.

De cézannien, le cubisme a été ensuite analytique (pendant la grande période 1910-1912) où tous les jours, travaillant de concert avec Picasso, ils exploraient les nouvelles pistes ouvertes par cette approche.
Braque colle du papier peint (imitation bois) sur une toile (le premier collage - les objets, les journaux découpés viendront vite après). Pour la première fois, l'espace de la toile accueille autre chose que de la peinture.
Le sujet est ensuite morcelé, déconstruit. Ses différentes facettes renvoient des clartés inattendues contredisant les lois classiques de la lumière.

Les représentations sont de plus en plus incompréhensibles et la couleur disparaît presque (quelques nuances de beiges de gris, de bleus éteints). Le Cubisme est à ce moment là presque hermétique et ouvre la voie à l'abstraction. Puis il continue à se complexifier, on le nomme alors synthétique.

Au retour de la guerre de 40 où il a été gravement blessé, et jusqu'à son décès en 1961, Braque revient aux paysages, aux portraits, abandonnant les natures mortes pour réaliser des représentations plus figuratives. Ses deux derniers thèmes : l'atelier de l'artiste et les oiseaux sont d'une beauté étrange inattendue et impressionnante.


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