2014
 
GRD et Max Ernst chez Chave
Guichou à Villeneuve-Loubet
Arson 3 expositions de Printemps
Galerie du Lundi chez Maud
Arnaud au Château d'Auvers
Artaud - Van Gogh à Orsay
Andreatta au CIAC de Carros
Delvoye, Oursier, de Lossy Chez Pieters
Léger au Musée Léger
Visages à Marseille
Les crises de Vincent
Untraviolet Chez Depardieu
Jean-Paul Goude au TPI
Artschwager à la Villa Paloma
Calatrava au Musée de Valence
Jee Young Lee à la galerie Opiom
Dadoune chez Eva Vautier
 
2013
Visite d'Elche (film)
Elche
Histoire de l'Art en 2013 signes
Frida et Diego
Braque au Grand Palais
Rêve au Luxembourg
Etrusques
Trois expositions à la Villa Arson
Jean Raine au CIAC
Maubert à la Conciergerie
Adam Magyar à Opiom
Keith Sonnier chez Pieters
Stingel au Palazzo Grassi
Luigi Spina au Sept Off
Jean-Simon Raclot
Papesses à Avignon
Manet au Palais des Doges
Lacroix à Montmajour
Zaira Mantovani au Sept Off
Zia Zeff au Sept Off
Valeria Bucefari
Daniella Covareli
Delphine et Marc Stammegna
Lee Miller à la Galerie Clair
Centre Pompidou Metz
Paolo Bosi
Un peu de Peu (film)
Arnaud Rabier Nowart
Dolla à Arson
Koen van Mechelen
Van Gogh at Work
Hendrik Kestens
Van Gogh for ever
Stingel à Grassi (film)
Miodrag Tasic Atelier
 
Musée Cocteau F. Leonelli
Palais Longchamp
Villa Sauber Nathalie Rosticher
Musée d'Histoire de Marseille
Biennale Venise 2013
Arsenale
Giardini
 


2012
Jean Mas et le 12e Art
Dali Cadaques - Figueras
Blazy au Plateau
Vasconcellos à Versailles
400 000 ans de performances
Art et Performances
Jacques Matarasso (ACA)
Jacques Matarasso Mémoires
Galerie Porte-Avion, Marseille
Sosno
Arnaud Rabier Nowart
MAC Marseille
Manifeste 12 12 12
 

2011
Basquiat à Paris (ACA)
Basquiat à Paris
Barcelo Avignon (ACA)
Barcelo
Moebius (ACA)
Moebius chez Cartier
Niki de Saint Phalle
Parc de Bomarzo
Vallauris
Jean-Claude Fraicher
Biennale d'architecture
Andréatta à Vallauris
MAC Barcelone
Maubert (ACA)

2010
Musée d'Athènes
Caravaggio à Rome
Lettres Van Gogh (ACA)
Les lettres de Van Gogh
Biennale de Céramique de Vallauris
Giorgione à Castelfranco
Champailler à Cagnes
Fondation Pinault

2009
Uffe Weiland
Biennale Architecture de Venise
Biennale de Venise 2011
Biennale de Venise 2009
Biennale de Venise 2009 (ACA)
Van Gogh Lettres
James Ensor
Biennale de Venise 2005
Cézanne 2006 à Aix

 

 

 

 

Paolo Bosi
L’intimité des choses

L'artiste a un regard particulier sur la réalité. De sa perplexité face au monde et à tous les niveaux de perception qu'il nous impose, il en extrait une image, une émotion, une œuvre.
La création naît toujours d’un regard appuyé sur les choses, de l’étude, de questionnements qui se concentrent sur un objet pour aboutir à des déductions originales. Les idées fulgurantes n’apparaissent qu’à la suite de réflexions poussées ou par sérendipité (de grandes découvertes ont été faites par hasard).
Quel que soit le mode particulier de production, la racine de la praxis artistique se trouve dans la production de subjectivité. Pour cela, l’esprit doit tamiser la masse d’informations qu’il reçoit, les interpréter et les réorganiser de façon à ce qu’émerge une "vision", l'image avant l'image, le représentant de la représentation. Elle est l'éclair qui attrape l’essence des choses, la condense, pour en restituer le vrai et l'essentiel.
Paolo Bosi a de plus cette faculté de ne pas seulement "voir le beau dans les choses belles", il a une attention particulière pour les formes simples, les objets pauvres, anodins, que le regard effleure sans s'arrêter ou qui sont tellement présents qu'on en oublie de les voir.
Son discours sur ces petits objets perdus du regard est émouvant. Il nous réapprend qu'en abordant l’analyse de la création artistique seulement par la raison, on ne peut pas atteindre son essence. Paolo nous la révèle par le sentiment, par l’intuition qui nous permet de saisir la réalité du devenir perpétuel.
Avec finesse, son regard nous ramène aux vérités premières. Il nous aide à retrouver le mythe dans les choses simples, la chose derrière les choses. La simplicité derrière la complexité, une simplexité.
En creusant un bois brut, il crée des espaces intérieurs, des intimités, des cavités qui jouent comme des pièges à regard, des trappes à vision. Des vides qui renvoient à l’intimité de l’enfant dans le ventre de sa mère, - la Maternité -, un thème récurrent avec celui de l’Ange reconnaissable à ses grandes ailes d’oiseau qu’il couvre d’écailles. Des représentations souvent masquées, illisibles mais toujours présentes.

Pour Paolo, le dessin est premier. Le crayon court sur les pages jaunes de son carnet comme un discours ininterrompu. Dessin-phrase, dessin mot, graphismes s'enchaînent de feuille en feuille, "comme les mots dans une phrase ou comme une phrase dans une lettre" (Van Gogh). Il dessine comme on écrit. "Le dessin est libre, il est dans la tête", il est la réflexion en train de se développer, la pensée qui se fait ligne, fil.
Ses dessins au trait particulièrement fin, presque en filigrane, rendent compte de recherches minutieuses pour aboutir à saisir un essentiel, une quintessence, un regard particulier et attentionné au monde qui l'entoure. Dans ses "griffonnages", il recherche des matières, des volumes, des silhouettes.
La fluidité du dessin le prépare mentalement à sa rencontre avec la matière dure, le bois.
Le dessin est dans la tête et ne s'arrête pas, la sculpture, elle, est définitive - comme un croquis arrêté.

Le bois devient son matériau. Il en aime la simplicité, la proximité. Le premier geste de l'homme a été sans doute d'intervenir sur un bout de branche pour le perfectionner. Il a été le premier prolongement de la main, le premier outil (avec la pierre).
Paolo le travaille avec un regard attendri. Il se souvient d'immenses tas de bois de plusieurs mètres de haut dans la maison familiale des bords du Lac Majeur. Ils ont marqué sa mémoire à jamais.
Il nous offre de reprendre contact avec lui, de le revoir dans sa réalité brute, dans sa "rugosité silencieuse", sa nudité, mais aussi de ressentir sa chaleur, son énergie.
Le bois n'est pas une matière homogène, il présente des nœuds, des taches, etc., des contraintes dont il faut s'accommoder. Il réagit à l'environnement, c'est une matière vivante sur laquelle on intervient plus ou moins brutalement : "Le geste apaise. Tu embrasses la pièce, tu danses autour". Mouvement, rythme, chorégraphie, "un jeu qui peut amener très loin". Le sculpteur accompagne quelque chose qui se fait tout en respectant la matière. Il ne détruit la pas, ne la fait pas disparaître, elle reste présente, importante, guide le sens même s’il ne sait pas quelle forme elle va prendre.

Ses sculptures taillées dans le bois brut présentent un aspect insolite, dérangeant. Paolo n'est pas homme de détails, il va au cœur, délaisse le banal pour s'attacher à démêler le caractère immuable des choses. Il tient aussi à ce que tout soit présent, montré. Il veut que les traces des outils restent visibles, lisibles : marques de tronçonneuse, de gouges, des ciseaux. Empreintes, marques, cicatrices. Une façon de ne pas mentir, de dire : "Voici la matière que j'ai travaillée, voici ce que j'en ai fait et comment je l'ai fait".
Ses interventions évoquent des jeux de formes simples, découpes, ouvertures, torsions, avec quelquefois des architectures cachées au creux des ombres. L'œuvre ne prend son sens qu'à la fin du travail. Quand une pièce est-elle finie ? Éternelle question à laquelle Picasso répondait : "On ne termine pas un tableau, on l'abandonne". Sans doute a-t-on été au bout de ce qu'on voulait lui faire dire, au bout de sa vision.

La Terre est ensuite venue s'ajouter. À Vallauris, on n'y échappe pas, mais, contrairement à l'ordre des choses, chez lui, c'est la terre qui rentre dans le bois.
Les maquettes en terre qui préparaient ses sculptures ont probablement leur part dans ce glissement de matières. La terre s’introduit dans les interstices, dans ce jeu entre intérieur et extérieur où la lumière joue le rôle principal. Un besoin de remplir en partie les espaces dégagés, de retourner l’ordre des choses. La terre s’encastre dans le bois, agissant comme élément de protection ou système de blocage, comme si ses billots pouvaient se retourner ou bouger. Récemment, un autre élément s’est rajouté : une poignée, un manche, qui renvoie au geste primordial de prendre. Nous offrant le moyen évident de se saisir de l’objet, il crée de fait la tentation de l’empoigner, de le maîtriser. Dans ces sculptures en bois brut qui font penser à des vieux outils agricoles, la terre s’impose au bois, se montre plus forte que lui.
La terre est arrivée avec une telle force que le dessin s'est absenté : "quand la terre vient dans le geste, le dessin disparaît".
Paolo dessine avec la terre, mais pour lui, ce travail va trop vite, cela le gêne parfois, il lui semble moins abouti, aléatoire, hasardeux : "La terre qui explose m'empêche de raconter, de ressentir. Je préfère les pièces presque muettes".
Paolo ne cherche pas à amplifier. Il établit une relation intime avec son œuvre, voit avec elle jusqu'où il peut aller. Il se sent sculpteur classique même s'il travaille sans idée de perfection. Il désire juste poursuivre sa vision et attendre que le sens se dévoile.

Biographie

Paolo Bosi est né à Somma-Lombrado, dans la Province de Varèse, sur le Lac Majeur. Il a vécu son enfance au bord du lac, à Brebbia.
Très jeune, le dessin est venu naturellement. Les livres sur la Lombardie, la Renaissance italienne font ses délices : "Je recopiais les profils des Madones et les peignais à la gouache".
Le dessin devient très vite essentiel. "Je comprenais que ma voie était là".
Il convainc ses parents de le laisser aller au lycée artistique de Varèse, où, à partir de l'âge de quinze ans, il se sent enfin dans son élément. Il apprend les bases du dessin, la perspective, le modelage, l'histoire de l'art. Quatre années heureuses où il fait des rencontres, échange avec ses pairs et réussit facilement son bac.
Il prend alors la décision de faire les Beaux Arts de Milan, dans la section sculpture, discipline qui lui paraît la plus concrète. Cela l'oblige à faire tous les jours des allers-retours en train (140 kilomètres), des trajets où il va beaucoup lire.
Aux Beaux-Arts, il découvre l'art moderne : “j'ai dû digérer à la fois l'Impressionnisme, l'Arte Povera et le Minimalisme américain, un écart rude à faire".
Durant ces quatre années d'études, il voyage, voit des expositions remarquables (Giacometti à la fondation Gianadda, les têtes de Manzu, les sculptures étrusques, etc.). Même si techniquement il n'apprend pas grand chose, il se forme grâce à ses échanges avec les autres élèves.
À la fin de ses études, il travaille dans la restauration de bâtiments publics, fait des chantiers à Milan, puis à Parme, une ville agréable où il participe à la restauration du dôme. À cette époque, il réalise des sculptures de petits formats en papier, filasse et plâtre puis sa première sculpture en plâtre le représentant avec son chien.
Ses premières expositions : DARS de Milan, passage obligé des jeunes artistes, puis Monza, Villa Reale où il présente des portraits en plâtre.
Une opportunité de travail à Antibes pour sa femme infirmière (qu'il a connu à 20 ans) va les obliger à changer de pays, de langue. Il découvre Vallauris, prend un atelier et se met au travail. Un petit réseau de relations lui permet d'accéder à des machines, il apprend à manier une tronçonneuse, etc. Il réalise des madones, puis des sculptures plus abstraites.
En 2000, on lui demande d'intervenir dans un centre aéré et de donner des cours aux Beaux Arts à Cannes, à Antibes. Un bon compromis.
Son travail s'appuie alors sur des éléments simples : l’intérieur, le caché, le creux, les espaces protégés, mais aussi la torsion, la cicatrice, la marque.
Dans sa première exposition à l'Atelier 49 en 2003, il expose ses sculptures en bois taillées et quelques unes de ses anciennes maquettes en argile.
En 2009, la terre entre par hasard dans son travail et prend une place déterminante. Ses nouvelles sculptures où le bois se mêle à la terre seront exposées à la galerie Sintitulo de Mougins en 2005. Une exposition importante pour lui, la première reconnaissance d'une galerie qui, en 2009 lui en offrira une seconde où il présentera ses dernières œuvres en terre et bois.
La Passerelle de Vallauris, à l'Umam de Nice, puis, en 2011, une exposition à Paris, chez Michel Blachère ainsi qu’une presentation de ses sculptures chez Laure Matarasso à Nice viendront consacrer son travail.
La retrospective à la Chapelle de Vallauris où ses œuvres majeures seront mises en perspective dans une scénographie originale vient à point pour montrer l’évolution d’un créateur original.

 

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Desseins

Regard tactile
Fracture mentale
Dénuement

Ruptures silencieuses
Hiatus lacunes
Rugosités muettes

Cerveau argilé
Bouches réactives
Intimités protégées

Interstices mystiques
Anfractuosités spirituelles
Archéologie des rues

Outils improbables
Poignées virtuelles
Petits objets pas si anodins.